« Nous vous voulons au Maroc » : un pays d’Afrique du Nord salue les investissements indiens dans le domaine de la défense

Le Maroc se positionne comme un hub stratégique pour les fabricants de défense indiens cherchant à étendre leur empreinte en Afrique et en Europe, comme cela a été démontré lors d’un récent séminaire de l’industrie de défense Inde-Maroc à Rabat.

« Le Maroc et l’Inde entretiennent d’excellentes relations bilatérales fondées sur le respect mutuel, et disposent de toutes les capacités pour poursuivre leur dynamique positive dans divers domaines, notamment celui de la défense », a déclaré Abdellatif Loudiyi, ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l’administration de la défense nationale, lors du séminaire organisé les 9 et 10 décembre.

Le ministre a réaffirmé l’engagement du Maroc à offrir des conditions favorables aux entreprises de défense indiennes, promettant « un environnement de pointe, zéro bureaucratie et une rentabilité ».

Son message direct aux investisseurs potentiels était clair : « Nous vous voulons au Maroc ; nous vous soutiendrons », rapporte The Hindu .

« Il capitalise sur l’initiative « Make in India » du gouvernement indien, qui vise à renforcer les capacités de production nationales tout en promouvant les collaborations internationales », a déclaré Loudiyi, soulignant l’alignement entre les stratégies industrielles des deux pays.

Le séminaire, organisé conjointement par les ministères de la Défense des deux pays, l’ambassade de l’Inde au Maroc et la Société des fabricants indiens de matériel de défense, intervient à un moment important, alors que le groupe Tata se prépare à établir la première usine de fabrication de matériel de défense de l’Inde au Maroc. Ce développement marque une étape majeure dans la coopération bilatérale en matière de défense entre les deux pays.

« Le partenariat entre ADN et TASM s’inscrit dans le cadre d’une démarche plus large de développement de l’industrie de défense du Maroc, dans le but de construire progressivement une autonomie stratégique », a observé M. Loudiyi, évoquant le partenariat avec le groupe Tata .

Le ministre a ajouté que ce projet stratégique d’industrie de défense « place le Maroc au centre de l’attention en tant que pôle de développement de la défense ».

Loudiyi a souligné comment ce partenariat stratégique avec Tata se concentre sur la production locale du véhicule de combat terrestre WhAP 8×8 , notant qu’il « ouvre des perspectives prometteuses pour les investisseurs intéressés par les secteurs de la défense et de la haute technologie ».

Le projet, dont l’achèvement est prévu dans les 36 mois, démarrera avec un taux d’intégration locale de 35 %, qui devrait augmenter à 50 %, créant 90 emplois directs et 250 emplois indirects.

L’attrait du Maroc en tant que destination d’investissement est renforcé par son vaste réseau d’accords de libre-échange avec 90 pays d’Afrique et d’Europe.

« Par ailleurs, le rayonnement du Maroc en Afrique et au Moyen-Orient, sa connectivité maritime et aérienne et ses infrastructures modernes constituent des atouts avérés qui en font une plateforme d’exportation régionale, voire mondiale, pour les investisseurs », a souligné M. Loudiyi.

Le ministre a déclaré que le renforcement de l’industrie de défense du Maroc pour accélérer l’industrialisation du pays est conforme à la vision du roi Mohammed VI, qui est également le commandant en chef des Forces armées royales.

Le pays a également mis en œuvre un nouveau cadre juridique pour les activités de l’industrie de la défense, en mettant l’accent sur la création d’un climat d’investissement attractif et l’établissement d’un écosystème industriel autour du secteur de la défense.

Les efforts de modernisation de la défense du pays s’inscrivent dans une stratégie plus large, le Maroc consacrant 5 % de son PIB à son budget de défense.

Ces dernières années ont été marquées par d’importantes activités d’approvisionnement en matière de défense, les forces armées royales ayant augmenté leurs dépenses d’armement de 235 millions de dollars en 2021 à 352 millions de dollars en 2022.

Les échanges bilatéraux entre l’Inde et le Maroc ont atteint environ 4,1 milliards de dollars en 2023, l’Inde exportant principalement du pétrole raffiné, des véhicules et divers produits chimiques. L’Inde reste le plus grand acheteur de phosphate du Maroc.

Le récent séminaire comprenait des présentations sur le climat favorable aux investisseurs et les zones industrielles du Maroc, la délégation indienne ayant visité la zone franche atlantique pour mieux comprendre le paysage industriel du pays.

« Le séminaire a offert des opportunités de coentreprises, de partage de technologies et de potentiel d’approvisionnement pour les entreprises de défense indiennes au Maroc », ont noté les responsables, comme l’a rapporté The Hindu.

Ils ont ajouté qu’un objectif clé était de « comprendre les besoins spécifiques du Maroc en matière de défense, notamment en matière de véhicules blindés de transport de troupes et d’autres actifs critiques, et de fournir des solutions sur mesure grâce à l’expertise indienne en matière de fabrication de défense pour soutenir leur vision de la modernisation de la défense ».

Ce partenariat croissant s’appuie sur les fondations posées lors de la visite de Loudiyi en Inde en 2018, qui a abouti à des accords clés sur la cybersécurité, les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique et la coopération en matière de défense.