France : Une entreprise locale dénonce la campagne de dénigrement contre les tomates cerises marocaines
L’entreprise Azura, qui fournit les supermarchés européens en barquettes de tomates cerises marocaines à 99 centimes d’euro, a jugé mercredi « choquante » ce qu’elle qualifie de « campagne de dénigrement » de la part des producteurs français qui dénoncent une concurrence déloyale.
Lors des manifestations d’agriculteurs français, les tomates marocaines ont été érigées, comme le sucre ukrainien, en symbole d’une compétition inégale : disponibles en toutes saisons, à un prix imbattable grâce à une main-d’œuvre bon marché.
Le leader des tomates cerises, Azura, a été particulièrement visé. L’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs a organisé des collages d’étiquettes en français et en arabe « origine Maroc » sur ses barquettes, estimant que l’entreprise le mentionnait en trop petits caractères.
« On respecte les règles à la lettre », a rétorqué la directrice générale adjointe d’Azura, Abir Lemseffer, lors d’un point presse à Paris.
La colère des agriculteurs a éclaté dans toute l’Europe cet hiver, mais « il n’y a qu’en France qu’on a subi une campagne de dénigrement », a-t-elle affirmé, jugeant « choquante » la « stigmatisation » de la provenance marocaine.
L’entreprise, née en 1988, se présente comme un « groupe familial franco-marocain » réalisant 500 millions d’euros de chiffre d’affaires par an et employant 18 000 personnes (200 en France, le reste au Maroc).
Azura cultive dans le sud du royaume, où le climat permet de récolter des tomates toute l’année sans chauffer les serres, situées autour d’Agadir mais aussi de Dakhla dans le territoire disputé du Sahara.
Les tomates rejoignent l’Europe par camion et bateau. Depuis Perpignan (sud de la France), elles sont ensuite expédiées vers les supermarchés français, allemands ou suédois.
« Pour pouvoir vendre à la grande distribution suédoise, nous sommes scrutés par des auditeurs chaque année », fait valoir Mme Lemseffer comme gage de respect des critères sociaux et environnementaux.
Les producteurs français reprochent aux tomates marocaines d’être en partie exemptées de droits de douane en vertu d’un accord de libre-échange avec l’UE.
Il y a tout de même un quota, systématiquement dépassé, au-delà duquel les entreprises marocaines versent des droits de douane. Cela représente pour Azura « huit millions d’euros par an, payés en France », relève la dirigeante.
La culture marocaine de tomates se voit aussi reprocher de contribuer à l’épuisement de la ressource en eau dans un pays affrontant la sécheresse pour la sixième année consécutive.
Azura souligne qu’elle irrigue toutes ses cultures d’Agadir avec de l’eau de mer dessalée et assure vouloir faire de même à Dakhla dès qu’une usine de dessalement sera opérationnelle