Covid, cyber, conformité et ESG : le top 4 des risques du secteur financier
Selon un nouveau rapport d’Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS), intitulé Financial Services Risk Trends: An Insurer’s Perspective, les établissements financiers et leurs administrateurs évoluent dans un monde en rapide mutation, marqué par des risques nouveaux et émergents, générés par leur exposition cyber, due à leur dépendance à la technologie, au durcissement de la réglementation et à la crise de la Covid-19. Dans le même temps, de nombreuses parties prenantes examinent de plus en plus attentivement leur comportement et leur culture en matière de développement durable, de pratiques d’emploi, de diversité et d’inclusion, et de rémunération des dirigeants.
« Le secteur des services financiers traverse une période de risques accrus, observe Paul Schiavone, directeur mondial des solutions industrielles pour les institutions financières chez AGCS. La Covid-19 a provoqué l’un des plus grands chocs que l’économie mondiale ait connus, entraînant des mesures de relance économique et budgétaire inédites, et un endettement public sans précédent. Malgré une amélioration des perspectives économiques, les incertitudes restent nombreuses. La volatilité de l’économie et des marchés demeure une menace pour l’avenir, et le secteur doit également prêter plus d’attention aux risques dits “non-financiers”. Il doit ainsi veiller à sa cyber-résilience, à la gestion de ses fournisseurs et de ses chaînes d’approvisionnement, mais aussi à l’impact du changement climatique et autres questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). »
Dans son rapport, AGCS met en évidence les principales tendances de risques pour les banques, sociétés de gestion, fonds de capital-investissement, assureurs et autres acteurs du secteur des services financiers. D’après le classement du Baromètre des risques 2021 d’Allianz, qui analyse les opinions de plus de 900 professionnels, les incidents cyber, la pandémie et l’interruption d’activité sont les trois principaux risques. Arrivent ensuite les évolutions législatives et réglementaires, concernant notamment les questions ESG et le changement climatique. Les évolutions macroéconomiques, telles que la hausse du risque de crédit et l’environnement de taux d’intérêt bas, se placent en cinquième position. Les conclusions du baromètre des risques sont confirmées par l’analyse d’AGCS, effectuée sur 7 654 sinistres survenus dans les services financiers au cours des cinq dernières années, et s’élevant à quelque 870 millions d’euros. Les incidents cyber, y compris d’origine criminelle, se classent en première position par le montant des pertes, suivis d’autres causes majeures de sinistres, comme la négligence et les actions dérivées, intentées par les actionnaires.
Les établissements financiers redoutent les effets probables des mesures mises en place par les gouvernements et les banques centrales contre la pandémie : baisse des taux d’intérêt, augmentation de la dette publique, ou réduction progressive des aides et prêts aux entreprises. D’importants ajustements ou corrections des marchés (actions, obligations ou crédit) pourraient multiplier les litiges avec les investisseurs et les actionnaires. La hausse du nombre de défaillances d’entreprises pourrait aussi peser sur les bilans de certains établissements financiers. « Des actions en justice pourraient viser les mandataires sociaux d’entreprises de services financiers, perçus comme incapables de prévoir, de déclarer, de gérer ou d’anticiper les risques liés à la Covid-19 », explique Shanil Williams, directeur mondial des lignes financières chez AGCS. La Covid-19 offre également un terrain favorable aux délinquants qui profitent de la crise, avec le développement rapide et imprévu du télétravail, du commerce électronique et du numérique. Malgré un fort investissement en cyber-sécurité, les entreprises de services financiers sont une cible attrayante. Elles font ainsi l’objet de nombreuses cyber-menaces, telles que la compromission d’e-mails, le ransomware, le “jackpotting” – ou piratage de distributeurs automatiques – et l’attaque de chaînes d’approvisionnement. La conformité est devenue un enjeu majeur pour le secteur des services financiers, avec le renforcement des dispositions relatives à la cyber-sécurité, aux nouvelles technologies, au changement climatique et aux critères ESG. Dans son rapport, AGCS fait état d’une évolution radicale dans la vision réglementaire de la confidentialité des données et de la cyber-sécurité, au cours de ces dernières années. Les banques et les marchés financiers apparaissent comme d’importants acteurs du changement pour lutter contre le réchauffement climatique et encourager le développement durable. Là encore, c’est la réglementation qui impose son rythme. Depuis 2018, plus de 170 dispositions sur les ESG ont été introduites dans le monde, dont une grande partie en Europe. Pour les prestataires de services financiers, la profusion des normes, l’hétérogénéité des approches entre pays et le manque de données disponibles soulèvent des difficultés majeures sur le plan opérationnel et de la conformité.