Avis d’expert // Maroc-Tourisme : Un petit plan pour un secteur sinistré
Le gouvernement Marocain vient d’annoncer le lancement d’un plan d’urgence de 2 MMDH pour le soutien du secteur du Tourisme. Ce plan excluant certains métiers importants dans l’écosystème touristique comme le soulève Mr Hamid Bentahar Président de la CNT, concerne principalement le prolongement du versement de l’indemnité forfaitaire de 2 000 Dhs durant le premier trimestre 2022 (incluant également les transporteurs touristiques et les restaurants classés ), le report des charges dues à la CNSS pendant 6 mois pour ces mêmes employés, l’établissement d’un moratoire relatif aux échéances bancaires sur une durée pouvant aller jusqu’à 1 an, pour les hôteliers et les transporteurs touristiques (les intérêts intercalaires seront pris en charge par l’État pour une période équivalente aux mois de non activité en 2021, ainsi que le premier trimestre 2022), la prise en charge par l’État de la taxe professionnelle due par les hôteliers en 2020 et en 2021, l’octroi d’une subvention de l’État au secteur de l’hôtellerie, pour un montant global de 1MMD pour soutenir l’effort d’investissement (entretien, rénovation, formation…) des hôtels souhaitant se préparer à un redémarrage rapide de l’activité dès la réouverture des frontières.
Le montant de ce plan reste en deçà des attentes des opérateurs qui ont revendiqué un vrai plan Marshall pour reconstruire un secteur ruiné et demeure de surcroît très loin de panser les plaies dues à la fermeture des frontières et causant d’énormes pertes pour le secteur.
Le secteur du tourisme continue de vivre l’une des étapes les plus difficiles : les mouvements de protestations se sont multipliées tant au niveau local que national et ont concerné tous les métiers du secteur (agences de transport touristiques, agences de location de voitures, agences de voyages, etc). Les réunions se sont multipliées, les revendications exposées, les promesses formulées et pourtant la tension continue à monter et les professionnels craignent le pire.
Ce désarroi et cette vague de protestations expriment aussi bien, l’anxiété et le grand flou que vivent les opérateurs du secteur ainsi que la crise de confiance vis à vis des responsables qui continuent d’imposer un dictat de fermeture des frontières alors que toutes les autres destinations touristiques concurrentes gagnent chaque jour des parts de marchés et alors que la majorité de la population de principaux marchés émetteurs du Maroc sont triplement vaccinés contre un virus qui commence à s’affaiblir.
Les différents représentants des professionnels et a leur tête , la confédération nationale du tourisme( regroupant les fédérations des hôtels, des agences de voyages ,des transports touristiques, etc.) sont tous unanimes pour une ouverture intelligente des frontières, le but est d’amorcer la relance du secteur tout en sauvegardant les acquis du pays en matière de maîtrise du virus ( qui est devenu de l’avis de plusieurs scientifiques un simple virus similaire a la grippe et ne peut en aucun cas être considérée comme une pandémie)
En effet la fermeture des frontières a eu un impact néfaste sur le secteur depuis mars 2020, l’activité a chuté de 80 % en 2020 et de 70% a 75% en 2021. Le Maroc a perdu 10,4 millions d’arrivées en 2020 par rapport a 2019 et presque autant en 2021. Le volume des nuitées a subi le même sort puisqu’il est passé de plus de 25 millions en 2019 a environ 6,9 millions en 2020 (8,5 millions max en 2021).
Les recettes du tourisme international se sont effondrées durant les deux dernières années, la balance de paiement a perdu quelque 82 MMDH au niveau des recettes de voyages et la part des recettes du tourisme interne ont reculé de plus de moitié.
Zoubir Bouhout ( expert et acteur de longue date du secteur du tourisme)