Zimbabwe : Un réfugié au camp de Tongogara réalise des succès agricoles
Jean Damacene avait 38 ans lorsqu’il est arrivé au camp de réfugiés de Tongogara au Zimbabwe et espérait retourner rapidement dans son pays, le Rwanda. Dix-huit ans plus tard, ce père de six enfants – un garçon et cinq filles – vit toujours dans le camp. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il travaille la terre sur un terrain situé près du camp, cultivant du maïs, des haricots et des bananes, aux côtés des membres de la communauté d’accueil.
Au cours des deux dernières années, la production de Damacene a augmenté de 20 %, passant de 400 à 500 kilogrammes de maïs, après la construction de nouvelles infrastructures d’irrigation financées par la Banque africaine de développement : celles-ci comprennent notamment des canaux en béton sur une longueur de 3,1 kilomètres et des tubes de polyéthylène haute densité sur 2,1 kilomètres. Ces investissements ont permis à Jean Damacene de cultiver une plus grande parcelle, qu’il peut irriguer à tout moment du jour et de la nuit sans avoir à attendre l’arrivée de la pluie.
« Nous travaillons bien et dur dans le champ, assure-t-il. Ma famille et moi-même sommes en train de bénéficier du système d’irrigation qui a été installé. Nous cultivons du maïs sur de grandes superficies. »
Avec une production en hausse, Jean Damacene a conquis de nouveaux marchés. Au lieu de vendre ses bananes localement, il les expédie désormais à Harare, où il a conquis une autre clientèle friande de bananes fraîches. Ce marché d’Harare est beaucoup plus rentable que la vente sur les marchés locaux.
Comme pour Damacene, l’entrepreneuriat peut être une source de subsistance viable tant pour les réfugiés que pour les communautés d’accueil dans des situations de fragilité, mais le type d’activité des entreprises et la qualité de la formation fournie sont essentiels pour garantir la survie des entreprises. En effet, l’analyse des marchés, le mentorat, le marketing social au niveau des communautés et les mécanismes d’appréciation des consommateurs pour traiter toute plainte ou tout incident potentiellement néfastes sont des facteurs essentiels pour le succès de toute initiative.
Afin d’améliorer la capacité technique des réfugiés et des communautés d’accueil, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a organisé, avec le soutien financier de la Banque africaine de développement, une formation sur des solutions commerciales innovantes pour aider à l’autonomisation des bénéficiaires et leur permettre d’avoir de meilleurs moyens de subsistance dans le camp. Jean Damacene a bénéficié de formations en élevage de bétail et cultures végétales modernes résilientes au climat, en agriculture, gestion d’entreprise et analyse de marchés.
Malgré les défis inévitables posés par la nature, il se montre à la hauteur de la tâche, en faisant preuve de beaucoup d’imagination. « Tout se passe très bien, mais nous avons été confrontés au problème des oiseaux qui mangeaient les épis de maïs, explique-t-il. Nous avons donc élaboré une stratégie pour protéger les épis des attaques des oiseaux. Elle consiste à couvrir les épis avec des canettes de soda vides. »
L’intensification de l’entrepreneuriat est l’un des thèmes au menu du Forum pour la résilience en Afrique (https://bit.ly/3h6ENCN), prévu du 28 au 30 septembre prochains. Organisé par le Groupe de la Banque africaine de développement, le Forum se déroulera sur le thème suivant : « Au-delà du Covid-19 : travailler ensemble pour un continent résilient ». Il réunira différentes parties prenantes avec l’objectif d’accélérer les initiatives de renforcement de l’État dans les contextes les plus fragiles du continent.