Souks hebdomadaires en milieu rural.. Voilà ce que recommande le CESE…
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a appelé à l’élaboration d’une stratégie ambitieuse dédiée au développement des souks hebdomadaires en milieu rural, tout en respectant les vocations et les particularités provinciales et régionales. De par sa diversité et ses potentialités, le monde rural dispose de richesses qu’il convient d’exploiter et de mobiliser notamment via les souks hebdomadaires, ressort-il d’un avis du CESE intitulé « Pour une politique de rénovation et de développement des souks hebdomadaires en milieu rural ».
En tant que service public de proximité, lieu de vie social ancré dans les habitudes de la société marocaine et baromètre de la vie rurale, le souk hebdomadaire constitue une plateforme commerciale, socio-économique et culturelle importante mais insuffisamment exploitée, relève la même source.
Et de noter qu’au regard du potentiel de développement socioéconomique qu’il représente, le CESE a entrepris d’étudier la question des souks hebdomadaires en milieu rural dans le cadre d’une auto-saisine, ajoutant que l’avis qui en découle, réalisé sur la base d’une approche participative, appelle à la mise en place d’une vision ambitieuse et partagée avec des mécanismes de mise à niveau et de modernisation des structures organisationnelles et fonctionnelles des souks.
Tout en mettant en évidence les différentes initiatives mises en place par les autorités publiques pour organiser et promouvoir le commerce local, cet avis relève plusieurs problématiques, à la fois au niveau des acteurs chargés de sa gestion qu’à l’échelle des usagers qui le fréquentent qui se traduisent par des difficultés de gestion, de logistique et de financement, qui impactent négativement son développement ainsi que la sécurité sanitaire des populations, souligne le Conseil.
Cette situation s’explique par une absence d’une vision nationale partagée et déclinée au niveau régional, un chevauchement des rôles et des compétences des acteurs impliqués ainsi que par un mode de gestion ne garantissant pas une performance économique soutenue. A cela s’ajoute d’autres problèmes liés notamment à la qualité des produits et la sécurité sanitaire.
Il apparait ainsi nécessaire de reconsidérer le souk selon une approche territoriale intégrée et de procéder à sa réorganisation en prêtant attention à la revalorisation et la modernisation de ses fonctions traditionnelles (économiques/commerciales, sociales, culturelles, administratives et politiques et citoyennes), à même d’impulser son rôle de levier du développement durable territorial contribuant à l’amélioration des conditions de vie de la population rurale.
Ainsi, dans le cadre de la stratégie proposée, le Conseil présente plusieurs mesures notamment l’encouragement de la création de nouveaux souks modernes spécialisés en fonction de leur vocation, (à l’instar des souks à bestiaux pilotes) et les doter des équipements et outils modernes et réduire progressivement le nombre des circuits informels de distribution et de commercialisation tout en réglementant le rôle des intermédiaires et en les encourageant à intégrer légalement la profession.
Il s’agit également de saisir l’opportunité offerte par la nouvelle stratégie de développement du secteur agricole, baptisée « Génération Green 2020-2030 » pour doter les souks hebdomadaires d’une plateforme de stockage des produits périssables et améliorer leurs capacités de commercialisation des produits agricoles et de faciliter l’accès des usagers aux prestations de services le jour du souk via les services mobiles (internet haut débit, poste, crédit bancaire, acte de mariage, actes de naissances, certificat de résidence, etc.).
Parmi les mesures figure également, l’encadrement des différents métiers présents au niveau des souks (coiffeur, cordonnier, mécaniciens, électriciens, ferronniers, transporteurs, restaurateurs, menuisiers..), l’intégration dans le schéma de la modernisation des souks des espaces dédiés aux activités culturelles, de loisir et d’épanouissement des usagers et prévoir, au niveau des souks, des actions en faveur des jeunes ruraux (bibliothèque mobile, espaces dédiés aux compétitions sportives, promotion de nouveaux métiers en phase avec l’ère de la digitalisation, etc.) tout en créant les conditions propices au plein déploiement de leur potentiel créatif et innovant.
Le conseil a en outre recommandé de mener le jour du souk des actions de formation, de sensibilisation et d’information notamment sur des sujets d’ordre politique, culturel et social et partager le savoir et les bonnes pratiques citoyennes permettant de mieux rapprocher la population rurale, exiger le raccordement en eau pour assurer la propreté des commerces, des abattoirs et des matériaux utilisés, et mettre en place un nombre suffisant de sanitaires pour les visiteurs et les usagers du souk en tenant compte des besoins des femmes, des enfants et des personnes en situation de handicap ainsi que de mener des études approfondies sur les souks hebdomadaires en milieu rural à partir d’un diagnostic précis de différentes problématiques du souk, conclut le communiqué.