Régime CNSS : Nécessité de la mise en œuvre d’une réforme « paramétrique »
Le directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), Hassan Boubrik, a souligné, samedi à Rabat, la nécessité de mettre en œuvre une réforme « paramétrique » du régime de la CNSS des salariés du secteur privé, et ce pour un meilleur équilibre technique.
« Il s’agit de repousser l’âge de la retraite, augmenter la cotisation et revoir les règles de calcul des annuités », a précisé M. Boubrik qui s’exprimait lors d’une table ronde organisée sous la thématique: « faire face à la fragilité sociale », dans le cadre de la 14ème édition du Colloque international sur les finances publiques (CIFP).
S’attardant sur les différentes situations des régimes de la Caisse, M. Boubrik a fait savoir que le régime des pensions civiles ne produit plus de déficit grâce notamment à la reforme paramétrique de 2016 qui a augmenté l’âge de retraite de 60 à 63 ans, baissé le taux d’annuité de 2,5% à 2% et augmenté la cotisation de 20% à 28 %, soit des décisions « lourdes » mais qui ont permis d’ »arrêter l’hémorragie ».
M. Boubrik a, en outre, mis en exergue l’importance de l’équilibre technique « individu à individu » en fonction de calcul des droits et de l’âge de départ à la retraite entre autres, notant dans le même contexte que d’autres sources de financement alternatifs devraient être repensées pour assurer le financement des droits passés.
Le responsable a, par ailleurs, relevé que le vieillissement de la population mondiale est « une réalité » et que l’augmentation de l’espérance de vie notamment au Maroc est « une bonne chose », dans la mesure où elle est essentiellement due, a-t-il dit, à un meilleur accès aux infrastructures de la santé et au développement de la médecine.
Toutefois, « ce vieillissement de la population a aujourd’hui des conséquences extrêmement fortes et pose des pressions majeures sur les ressources et les dépenses de retraites et de santé », a-t-il souligné, notant que pour ce qui est du financement de la retraite et de la protection sociale, « il n’y a pas d’autre miracle que celui d’allonger la période d’activité forte et retarder l’âge de la retraite ».
S’agissant de la projection des cotisations, dépenses et solde technique des régimes de pension 2020-2050, M. Boubrik a fait état d’ »une forte fragilité financière du système de retraite national », ainsi qu’une évolution des dépenses de pensions à un rythme plus soutenu que les cotisations, le temps où le solde technique (cotisations – dépenses), a-t-il précisé, est « négatif » et s’aggrave de plus en plus sur la période de projections.
Dans la même veine, Jean françois Cope, ancien député, ancien ministre et maire de Meaux, a également souligné l’impératif de repousser l’âge de départ à la retraite, ajoutant néanmoins « qu’en disant cela le problème n’est pas réglé à 100% » dans la mesure où « rien n’est organisé pour l’employabilité des seniors ».
En effet, selon M. Cope, il est évidemment capital de mettre l’accent sur la contradiction entre la durée d’espérance de vie qui s’allonge, la durée du temps à la retraite et la durée de cotisation qui est insuffisante par rapport au budget consacré à cela.
« On ne peut prétendre augmenter l’âge de la retraite sans mettre en place une réforme des retraites digne de ce nom, qui commande une réorganisation complète de l’économie, que ce soit dans l’entreprise ou dans l’administration, pour faire en sorte que l’employabilité de ceux qui ont plus de 55 ou 60 ans aujourd’hui soit une priorité absolue », a-t-il soutenu.
De son côté, Jaafar Heikel, épidémiologiste et infectiologue a rappelé que le système de santé marocain est divisé en trois grandes catégories à savoir, le secteur public, le secteur privé à but non lucratif et le secteur privé à but lucratif.
M. Heikel, également professeur de management sanitaire et d’économie de la santé, a souligné la nécessité d’opérer « une véritable régionalisation du système de santé », fixer le budget de la santé à 8% minimum du budget de l’État (7% du PIB minimum) avec « réallocation de la majorité des ressources aux régions sanitaires autonomes ».
Il est également question, a-t-il ajouté, de revoir notamment les termes des lois en vigueur relatives à la santé: contrats, mobilité et performance des médecins et mettre en place un système d’information sanitaire intégré et global.
Au menu de ce colloque tenu à l’initiative du ministère de l’Économie et des Finances (Trésorerie Générale du Royaume – TGR), en partenariat avec l’Association pour la Fondation Internationale de Finances Publiques (FONDAFIP) figurent trois panels qui s’articulent autour de plusieurs axes. Le premier axe concerne les stratégies et les modalités de financement des questions se rapportant à la fragilité sociale, notamment la vieillesse, la retraite et les personnes en situation de handicap, alors que le deuxième aborde le rôle des pouvoirs publics face aux défis économiques, aux impératifs de la croissance, à la transition démographique et aux problématiques liées aux inégalités territoriales.
S’agissant du troisième axe, il traite des politiques publiques stratégiques en relation avec la programmation budgétaire, les enjeux de la dette, la transition numérique, ainsi que l’évaluation des politiques publiques.